L’automatisation des métiers et l’emploi : Quelles perspectives ?

20 avril 2017

La raison principale pour laquelle les machines sont fabriquées réside dans l’allégement de l’effort et l’assistance des forces humaines. Aujourd’hui, force est de constater que les avancées en matière d’automatisation des métiers ne semblent pas prêtes de s’arrêter. Dans ce contexte, et face au progrès technologique, l’humain a peur d’être remplacé par les machines. Mais a-t-il pour autant raison ?

Au regard de certaines études, il semblerait bien qu’il faille s’inquiéter. En 2013, deux chercheurs de la Oxford Martin School, avaient en effet fait sensation en estimant que 47 % du total des emplois aux Etats-Unis présentaient de grands risques de devenir automatisables, d’ici 10 à 20 ans1;

. Les auteurs avançaient alors que près d’un emploi sur deux serait menacé par les progrès de la robotique et de l’intelligence artificielle dans ce pays.

En adoptant la même approche méthodologique au marché Européen, le groupe de réflexion Bruegel a publié un constat similaire en 20142 : environ 50 % des emplois européens seraient menacés par les ruptures technologiques dans les décennies à venir. D’après les auteurs, cet impact serait multifactoriel : l’automatisation de métiers peu qualifiés, l’augmentation de la puissance de calcul des programmes informatiques qui permettent d’automatiser des tâches humaines, ainsi que la mutation de l’économie.

Plus récemment, une étude publiée par l’OCDE3, moins alarmiste, montre que l’automatisation des métiers impacterait environ 9% des emplois à l’échelle de la France. Cependant, et bien que ce résultat semble éloigner le scénario d’un chômage massif dû à l’automatisation, il est important de garder à l’esprit que 9 % des emplois signifie tout de même environ 2 millions de chômeurs supplémentaires.

Mais comment comprendre alors que durant les trente glorieuses, période de grands progrès techniques, le nombre d’emplois global n’a cessé d’augmenter ? Comment expliquer qu’aujourd’hui un pays comme l’Allemagne, qui a un taux d’équipement en robots deux fois supérieur à la France (par nombre de salariés), ait aussi un taux de chômage nettement inférieur ?

Pour tenter de répondre à cette question, le Pew Research Center a publié en 2014 les résultats d’une enquête menée auprès de 2000 experts du sujet et centrée sur la question : « la robotisation des processus industriels et des services créera-t-elle plus d’emplois qu’elle n’en détruira4 ? ». Le résultat de cette enquête est très partagé : 48% des répondants affirment que oui et 52% estiment que non. Alors, qui croire ?

En réalité, deux conceptions s’affrontent ici : les plus optimistes estiment que l’intelligence humaine se portera vers de nouveaux métiers et de nouveaux usages et donc de nouvelles ressources ; tandis que, pour les plus pessimistes, l’accélération technologique est telle qu’un nombre important d’employés se retrouvera nécessairement au chômage.

En réalité, et même s’il est indéniable que l’émergence des processus d’intelligence artificielle et de la robotisation impacteront l’emploi dans un avenir plus ou moins proche, annoncer un nombre d’emplois menacés par les innovations techniques en cours, en l’isolant de l’ensemble des relations macroéconomiques, n’a pas vraiment de sens.

Il est ainsi nécessaire de prendre en compte toutes les relations existantes entre technologies et emplois afin de mesurer l’impact de l’automatisation sur l’emploi. Si, à court terme, la technologie diminue l’emploi dans un secteur donné, elle peut aussi avoir des effets positifs à long terme5 :

Productivité (court et long terme) :

  • Il y aura forcément des innovations techniques qui augmenteront la productivité ce qui se traduira d’une manière ou d’une autre par des hausses de salaires et/ou des baisses de prix. Toutes choses étant égales par ailleurs, ces baisses de prix entraîneront mécaniquement une hausse du pouvoir d’achat ;
  • De plus, l’innovation technologique devrait aussi être à la base de nouveaux produits de consommation, de production mieux à même de garantir une satisfaction client ou encore de conquérir des marchés émergents par exemple.

Conséquence à court terme :

  • Il devrait obligatoirement y avoir des suppressions d’emplois dans le secteur concerné et affecté par la baisse irrémédiable de son marché ;

Conséquence à long terme :

  • Il devrait y avoir des créations massives de nouveaux postes  grâce notamment à un effet de déversement sectoriel des emplois en provenance des secteurs qui en détruisent vers ceux qui en créent. Par ailleurs, l’augmentation du pouvoir d’achat engendré par la baisse des prix devrait provoquer une hausse de la demande par les consommateurs, et donc les entreprises devront produire davantage afin de répondre à cette nouvelle demande. Cette hausse de l’offre devrait donc provoquer une hausse du nombre d’emplois.

En conséquence, il existe bel et bien des effets de l’automatisation sur l’emploi mais le bilan global en termes d’emploi peut s’avérer finalement positif. A titre d’exemple, l’automobile a supprimé les emplois de cochers et de constructeurs de fiacres mais a créé une industrie nouvelle à la base de la révolution industrielle que nous avons connue.

À n’en pas douter, la troisième révolution industrielle a donc bel et bien démarrée. Elle a déjà plus de trente ans : l’arrivée des ordinateurs de bureau et de l’informatique domestique a bouleversé la vie quotidienne et le travail de tout le monde. Une grande partie du secteur tertiaire est bousculée : les administrations, la santé, le marketing, l’architecture, et la presse.

Cette révolution a déjà conduit à la suppression de nombreux emplois. Mais elle en a transformé d’autres, et en a créé de nouveaux aussi. Elle va continuer ainsi à travailler en profondeur le paysage de l’emploi. On ne peut donc pas annoncer que 3 millions d’emplois sont menacés ni que 42 % des emplois seront fortement impactés par cette nouvelle génération de machines. Ce sont là des chiffres somme toute fantaisistes, qui ne correspondent à aucune prévision tangible.

Ainsi, le bon sens nous oblige à prendre conscience qu’il est encore très difficile d’anticiper l’avenir technologique à l’horizon de dix ou vingt ans et encore plus de mesurer son impact sur les emplois de demain. Même les robots « intelligents » ne savent pas (encore) le faire…

Contacts : Vincent Weber · Pascal Bally

[1] http://www.oxfordmartin.ox.ac.uk/downloads/academic/The_Future_of_Employment.pdf
[2] http://bruegel.org/2014/07/chart-of-the-week-54-of-eu-jobs-at-risk-of-computerisation/
[3] https://www.oecd.org/fr/els/emp/Automatisation-et-travail-ind%C3%A9pendant-dans-une-%C3%A9conomie-num%C3%A9rique.pdf
[4] http://www.pewinternet.org/2014/08/06/future-of-jobs/
[5] http://irf-fonden.dk/Documents/Projekter%20og%20Viden/robot_employment051011.pdf

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